mercredi 21 août 2013

Première Partie: de l'Etude des laridés bagués couleurs en hivernage sur le littoral landais: 1998/99 - 1999/00 - 2000/01- 2001/02- 2002/03.

Par: Andréas GUYOT
Présentation :

Cette étude a ses limites(1). Elle n'est que le reflet porté à votre connaissance sur l'importance de l'hivernage le long du littoral landais par la lecture d'oiseaux bagués couleurs dans leurs parcours.
(1) Les limites sont de ne pas avoir compté les oiseaux non bagués, et d'avoir évité tout pourcentage et calcul entre les bagués et les non bagués.

Lorsque le 26-12-94, je lus ma première bague d'une mouette mélanocéphale baguée couleur de 1ière année, je me suis peu à peu attaché à en chercher d'autres, d'autant plus qu'elle venait de Hongrie. Il y eut ensuite une mouette rieuse (Larus ridibundus) venue de Finlande et d'autres laridés.

Mais c'est en novembre 1998 que réellement je décidais de m'y consacrer pleinement de façon sérieuse et suivie.

Donc les mercredis, samedis, dimanches et autre jours fériés, j'allais lire les bagues des divers goélands et mouettes.

Dès le début, j'ai vite compris qu'il était difficile à la fois de lire les bagues et de compter les oiseaux sur les bancs de sable, d'autant plus que je ne savais pas que cela ferait l'objet d'une étude.

J'avais déjà assez de difficultés à identifier de façon certaine les divers âges des goélands, espèces, sous-espèces et puis je cherchais à lire le plus de bagues possibles. Là était mon objectif et il le reste.

Les sites suivis :

Le littoral landais déjà connu pour l'importante migration des oiseaux marins (Guyot, 2001) offre aussi divers sites pour leur hivernage.

Parmi les nombreux sites où l'on pouvait observer des laridés sur des reposoirs, deux se sont révélés être des sites majeurs.

A) – l'incontournable lac marin d'Hossegor : 43°40' N – 1°25' W. déjà connu depuis longtemps.
B) – l'embouchure du courant d'Huchet à Moliets Plage 43°51' N - 1°23' W découvert depuis peu.

A) Hossegor : C'est à marée basse une fois les bancs découverts formant des îles que l'on peut y lire les bagues. Les oiseaux y sont posés, tranquilles ou en toilette, ils ne se nourrissent pas sur le lac marin.

Dès que la marée descend, les oiseaux se posent en limite des eaux jusqu'à la formation des îles. Les bancs de sable restent découverts pendant trois heures parce qu'un seuil à l'entrée du canal retarde la marée montante. Les mélanos restent sur les bancs pendant tout ce temps. Deux facteurs leur font quitter les bancs :
1) La marée montante.
2) La nuit. En effet dès que celle-ci arrive, les mouettes partent en mer. Il n'y a donc pas de dortoir, car même au lever du jour, à marée basse les mélanos sont absentes, mais uniquement un reposoir qui a atteint un 20 janvier, 1100 mélanos d'où la plus importante concentration du lac.

Il y a aussi en moyenne 50 goélands bruns (L. fuscus) et goélands Leucophées (L. michahellis), 2 ou 3 goélands marins (L. marinus), 1 ou 2 goélands argentés (L. argentatus). Nous avons aussi découvert l'existence de goélands cantabriques, jusqu'à 5 individus, des oiseaux adultes les immatures sont trop difficiles à identifier et épisodiquement les goélands cendrés (L. canus) et à bec cerclé (L. delawarensis) enfin les éternelles mouettes rieuses (L. ridibundus) environ 100 individus pendant tout l'hivernage, d'autres laridés moins réguliers viennent de temps à autre se poser sur les bancs.

B) L'embouchure d'Huchet : A marée montante les oiseaux se rapprochent vers nous, c'est surtout en soirée lorsqu'ils arrivent sur le dortoir que nous pouvons plus aisément lire les bagues.

La fréquentation de ce site est liée à deux facteurs : l'eau douce du courant et la "relative" tranquillité des lieux.

Le courant d'Huchet butte, 4 à 5 Km plus au nord, sur une dune qu'il longe pour trouver enfin son embouchure. Il est le seul à n'avoir jamais été endigué ! ….

Cet espace forme une presqu'île, avec une longue plage où la présence humaine est moins pesante, "nous verrons plus loin ses limites".

Ce site est principalement fréquenté par des goélands bruns (Larus fuscus), goélands Leucophées (Larus michahellis) à 98 % des effectifs, une dizaine de goélands marins (Larus marinus), environ 5 goélands argentés (Larus argentatus), et diverses mouettes en dortoir.

Ce site est à la fois un reposoir et un dortoir, mais aussi un lieu d'étape pendant la migration. Il se confirme au fil des années qu'entre mi-octobre jusqu'à fin décembre le site est principalement occupé par des michahellis puis brusquement c'est le tour des fuscus.

L'année 2004 a été marqué par des chiffres records puisque le site de l'embouchure a reçu jusqu'à 6000 oiseaux alors que 4000 étaient fréquents au plus des rassemblements ou concentrations, le 15 décembre semble être le pic de stationnement des goélands.

Reposoir : en fait nombreux sont les bateaux de pêche au large et il y a donc un échange régulier. On peut ainsi y lire des bagues toute la journée.

Dortoir : nous avons compris le dortoir parce qu'en soirée de 2H à 1H avant la nuit de très nombreux goélands arrivent du sud, se lavent, boivent et vont rejoindre le dortoir, comme ces deux goélands bruns le EK91 et le EH2 qui ont été lus à 12 H à Hossegor et vers 17 H au Huchet soit 21 Km plus au nord. Les mouettes rieuse (L. ridibundus) et mélanos (L. melanocephalus) restent aussi en dortoir. Leur nombre est très variable , jusqu'à 50 pour les rieuses, de 5 à 20 pour les mélanos, parfois plus.

La durée des observations et les dates choisies :

Pour la durée de l'hivernage, j'ai choisi deux dates moyennes du 1-11 au 31-3, sachant que les goélands sont déjà présents en nombre au 15-10 alors que les mouettes mélanos ne sont en nombre qu'à partir du 15-11. il en est de même pour le mois de mars. Après le 15-3, il ne reste que quelques mélanos isolées alors que les goélands en migration fréquentent le Huchet jusqu'au 15-4.

J'ai pensé que 5 mois de suivi représentait un investissement humain déjà assez long.
Pau ð Hossegor ð Huchet ð Pau : 250 Km

Pour l'observation sur site, c'est assez variable. Pour Hossegor, les oiseaux sont observables sans qu'ils s'envolent 1 H 30 avant la marée basse jusqu'à la remontée, c'est à dire en fonction du seuil pendant 4 H 30 à 5 heures.

Pour l'Huchet, c'est principalement à marée montante, mais aussi en fonction des chalutiers au large. Il est possible d'y rester toute la journée car entre ces derniers et le banc il y a constamment un échange d'oiseaux mais nous arrivons en 4 heures à pouvoir lire une majorité de bagues surtout en soirée, ou lorsque les oiseaux se lavent et s'abreuvent.

Les dérangements :

En fait, le succès des lectures dépend principalement de ce facteur. Les effectifs du reposoir-dortoir, d'Huchet sont principalement dus aux dérangements occasionnés. En fait, la moyenne de janvier de 1000 à 1500 oiseaux tombe brutalement jusqu'à 200 à 300 individus. Nous avons compris pourquoi cette variation était aussi grande. En fait, il y a plusieurs groupes derrière la réserve, cela est dû aux dérangements qui divisent les oiseaux et les dispersent. Avec des cuissardes, j'ai traversé le courant et du haut de la dune, j'ai vu plusieurs groupes le long des 4 Km de la plage.

Au fur et à mesure que la tranquillité revient, peu à peu, ils se rapprochent de l'embouchure, ceci est nettement visible en soirée.

Les dérangements sont parfois incompréhensibles…! La réserve naturelle forme une presqu'île sur 4 à 5 Km., la dune, le courant d'Huchet derrière celle-ci jusqu'à l'embouchure.

Malgré la difficulté pour traverser le courant, il y a quand même des "courageux". Etant donné que les goélands sont juste derrière tout s'envole (quelquefois pour une photo), nous sommes contigus à la réserve naturelle", marcheurs, parfois avec chien  depuis l'autre bout à 4 ou 5 Km, surfeurs, pécheurs, divers véhicules, à fond la caisse, quad, moto tout terrain. Survol de la réserve à moins de 300 mètres de hauteur et le dernier sport à la mode : le kate, une planche avec un parapente.

Malgré cela, les goélands reviennent d'année en année. Il faut dire que les courants d'eau douce avec une telle plage offrant un minimum de tranquillité sont bien rares sur notre littoral.

J'ai parfois du mal à lire 1 ou 2 bagues alors que les goélands attendent de pouvoir revenir vers l'eau douce. Si il y a eu un point positif concernant la marée noire, cela a été le non dérangement des

goélands par l'interdiction des plages depuis le 3 janvier jusqu'à fin mars, aux divers publics. Les goélands bruns, beaucoup plus confiants, sont restés près de l'embouchure, et cela m'a permis de lire 64 bagues différentes, ce qui n'était jamais arrivé avant. A l'ordinaire, les dérangements provoquent des dispersions en multi petits groupes et ces derniers s'envolent au moindre effarouchement, rien qu'à la vue d'une personne arrivant vers l'embouchure du courant d'Huchet, d'où l'utilité d'une protection à envisager.

Pour Hossegor, nous sommes en réserve de chasse maritime où les chiens doivent être tenus en laisse et même interdits sur les bancs, ainsi que la pèche au vers de vase. Rien n'est respecté, en plus il y a des promeneurs qui lancent leurs chiens sur les mouettes en toute impunité.

Heureusement, certains jours, tout est calme. Les dimanches après-midi dès 15 heures c'est l'horreur…! Comme au Huchet, sachez que je pèse mes mots…!

Les enseignements :

Je développe ce sujet avant la lecture des résultats, ces derniers vous seront peut-être plus faciles à comprendre.

Pour une telle étude ou suivi, il aurait fallu être 2 observateurs, 1 par site, car inévitablement suivre un site est toujours au détriment de l'autre ; suivre les mélanos à Hossegor, c'était délaisser les goélands au Huchet, difficile de choisir…!?

Néanmoins nous avons progressé ensemble et individuellement sur l'identification des sous-espèces de goéland brun (L. fuscus) et Leucophée (L. michahellis).

Grâce à la lecture des bagues nous avons avec certitude pu comparer les teintes des sous-espèces des fuscus.

- Gris ardoise pour le JUG1 un intermedius né en Norvège
- Gris soutenu pour le EK91 un "Deutsch type" ou Hollandicus né en Hollande
- Gris moyen pour le W6HL un graellsii né au Pays de Galles.
 
Nous avons aussi progressé dans la détermination des michahellis et cantabricus.

- Tête blanche en hiver pour le N38H, né en Catalogne
- Tête mouchetée pour le cantabricus. Tous les deux ont les pattes jaunes, la couleur du dos gris clair ; cantabricus est moins gros que michahellis, de la taille d'un argentatus, cantabricus semble avoir les pattes un peu moins jaune, les tarses plus courtes, le dos un peu plus clair.

J'en ai eu la preuve les 19.3 et 23.3.03 en  voyant un goéland de 2ème Winter (Hiver) "ZLDF". Aussitôt je le note comme argentatus à cause de sa taille d'autant plus qu'il y avait des michahellis à ses côtés, ne sachant pas encore à cet instant qu'il existait un programme à la Corogne. Je n'avais jamais observé ce type de bague verte auparavant. Je pensais donc avoir affaire à un programme allemand puisqu'il place des bagues vertes.

Les Allemands m'informant de ce programme par retour de courrier, c'est là que je comprends ma confusion.

J'avais déjà remarqué que les adultes étaient moins gros que les leucophées, en fait de la taille des argentatus, mais dans les immatures entre les uns et les autres j'avais abandonné l'idée de leur mettre un nom. Il a fallu ce nouveau programme pour comprendre et analyser les différences de taille des divers goélands immatures ; donc il semblerait que les cantabricus soient bien plus nombreux que nous le croyons auparavant.

Je regrette d'avoir été seul ces deux jours d'observations !…Nous avons aussi observé des oiseaux avec des plumages déroutants.

- des goélands bruns (L. fuscus) aux pattes roses en plumage adulte
- une mouette rieuse (L. ridibundus) toute blanche en plumage adulte
- un goéland argenté (L. argentatus) leucistique
- un hybride bagué BV (L. fuscus x L. argentatus)

et des surprises heureuses comme :
- L. hyperboreus – bourgmestre
- L. glaucoides – à ailes blanches
- L. atricilla – atricille
- L. pipixcan – de Franklin
- L. sabini – de Sabine
- L. cachinnans – pontique
- L. delawarensis – à bec cerclé

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